Alors que Missak et Mélinée Manouchian et leurs camarades de la résistance durant la seconde guerre mondiale sont entrés au Panthéon ce 21 février, une exposition à la médiathèque leur rend hommage. Proposée par la section PCF d’Hendaye. A voir jusqu’au 2 mars.
Prise de parole de Michelle Mounios Adurriaga, adjointe à la culture
« Nous sommes heureux d’accueillir dans notre Médiathèque municipale cette exposition sur Missak Manouchian, ouvrier, poète, communiste et résistant à l’occupant nazi à l’occasion de son entrée au Panthéon accompagné de son épouse, Mélinée.
Lorsque la section PCF d’Hendaye nous a proposé cette exposition, l’idée nous a semblé évidemment très intéressante pour la ville d’Hendaye, car ce pan de l’histoire fait partie de notre mémoire collective et fait écho à l’histoire de notre territoire. Elle restera à la Médiathèque jusqu’au 2 Mars. Je tiens à signaler que nous sommes la seule ville de la côte basque à accueillir cette exposition. (Et, nous en sommes fiers ! ajoute M. le Maire) ;
Missak était arménien. Il a perdu ses deux parents lors du génocide perpétré par les Turcs.
Il arrive en France en 1924. Il travaille comme tourneur aux usines Citroën, à Paris.
Il se rapproche alors du milieu intellectuel. Il écrit des poèmes et suit quelques cours à la Sorbonne.
Il adhère aussi au parti communiste et se mobilise pour la cause arménienne. Il entre dans la clandestinité et la résistance en 1941.
Mélinée Assadourian, également d’origine arménienne, fait la connaissance de Missak en 1934. Ils se marient en 1936 dans le Paris du Front populaire. Durant la Résistance, elle est à ses côtés et s’engage au sein d’un groupe armé très actif de la Résistance, les FTP-MOI (Main d’œuvre immigrée) de la région parisienne.
Elle poursuivra ses actions dans la résistance jusqu’à la fin de la guerre.
En 1947, elle rejoint l’Arménie. Elle revient à Paris au début des années 1960.
Elle honorera la mémoire de Missak, publiera certains de ses poèmes et deviendra sa principale biographe.
Dans sa dernière lettre destinée à sa future veuve, la veille de son exécution, Missak Manouchian avait écrit : « Je te prie donc de te marier après la guerre sans faute et avoir un enfant pour mon honneur et pour accomplir ma dernière volonté ».
Mélinée restera veuve et n’aura jamais d’enfant. Elle est décédée à Paris en 1989.
Missak a pris une dimension supplémentaire « grâce » à la propagande allemande.
Une affiche, dite « l’affiche rouge« , sera placardée par les Allemands dans Paris pour décrédibiliser ceux qu’ils appellent « l’armée du crime ». Mais elle suscite plutôt la sympathie…
En novembre 1943, Manouchian et ses compagnons sont arrêtés par la police française après une très longue filature. Mélinée échappe de peu à l’arrestation, cachée chez les Aznavourian (la famille du chanteur).
Il est fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien à Suresnes avec 22 de ses camarades. Il y avait une seule femme dans ce groupe, Olga Bancic, qui ne sera pas exécutée avec ses camarades, mais sera guillotinée en Allemagne en mai 1944. Olga avait une fille qu’elle avait prénommée Dolores, en hommage à Dolores Ibarruri.
Peu avant de mourir, incarcéré à la prison de Fresnes, il a rédigé une ultime lettre à son épouse Mélinée, une lettre émouvante et en français qui rappelle son goût pour la littérature :
« Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée. Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Que puis-je t’écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps. Je meurs à deux doigts de la victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la liberté et de la paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. »
C’est donc chose faite au Panthéon, aujourd’hui 21 février 2024, 80 ans jour pour jour après son exécution. Et notre vernissage se déroule à l’heure de sa panthéonisation.
L’entrée au Panthéon de Missak et Mélinée Manouchian rappelle leur engagement dans la Résistance et le rôle décisif joué par les étrangers dans la lutte contre l’occupation nazie.
C’est donc un hommage à tous leurs compagnons d’armes étrangers, Espagnols, Italiens ou Juifs d’Europe centrale.
Missak Manouchian est déjà entré dans la mémoire collective grâce à la poésie, à la chanson. En 1955, Aragon s’est inspiré de sa dernière lettre à sa femme pour écrire un poème en hommage à ces étrangers. Il s’intitule « Strophes pour se souvenir », il deviendra « l’Affiche rouge ». En 1959, il est mis en musique par Léo Ferré. La chanson restera censurée, interdite à la radio et la télévision françaises, jusqu’en 1981 !
Pour terminer, à l’heure où certaines idées de xénophobie sont à nouveau véhiculées, je voudrais rappeler ces quelques vers du poème d’Aragon :