La Ville a inauguré ce 18 avril une place en l’honneur du corsaire (Coursic ou Croisic) sur le Vieux-Port.
Après 6 mois de travaux de rénovation, ce lieu emblématique d’Hendaye, apprécié des habitants comme des touristes pour sa vue imprenable sur la baie de Txingudi et Hondarribia, offre un espace d’observation accessible, inclusif, confortable et sécurisé qui fait la part belle à l’histoire. La place, par son nom, honore la mémoire du corsaire hendayais Joannis de Suhigaraychipy, également connu sous le nom de Coursic ou Croisic.
L’idée du projet était de concevoir un « îlot de fraîcheur » autour de terrasses, d’escaliers séparés par des garde-corps d’origine (renforcés et revêtement repris selon l’avis des ABF), sur les côtés nord-ouest et sud-est, afin d’être visibles à la fois de loin et depuis la rue du Port. Arbres et arbustes fourniront de l’ombre et renforceront la présence végétale autour du panorama central. De la même manière, des plantes de petite taille suivront le tracé des balustrades pour rejoindre les arbres existants. Cet aménagement a été réalisé pour être en cohérence avec ceux prévus pour la place de la République.
Cet aménagement s’élève à 279 318 € TTC. Il a bénéficié de subventions de la part de l’Etat (DSIL- 39 851€) et la Communauté d’Agglomération Pays Basque 30 000€). Il s’agit du second grand chantier terminé du projet cœur de ville.
Quelques chiffres
- 250m² de pierre des Carrières de la Rhune
- 180m² de béton désactivé
- 70m² d’espaces verts plantés
- 9 bancs rétroéclairés LED avec dossiers
- Des marches éclairage LED
- 1 plaque explicative sur la position et type bunker (construit entre mars et juillet 1944)
- Préservation des arbres présents et transplantation de 2 jeunes arbres depuis la Place de la République
- 1 panoramique réalisé par Bertrand Linne
- 1 stèle commémorative
Une plaque rappelle son histoire et un peu de terre ramenée de sa dernière demeure (Terre-
Neuve) par Axel Brücker a été déposée sur l’un des espaces verts.
L’histoire de la place du Vieux-Port
Perchée majestueusement sur les hauteurs de la ville, la place du Vieux-Port se dresse tel un gardien silencieux, offrant une vue panoramique magnifique sur la Bidassoa, la Baie de Txingudi et la ville fortifiée d’Hondarribia. Derrière sa beauté contemporaine se cache une histoire riche et fascinante.
À l’origine
L’histoire de cette place est liée à celle du Vieux-Port, autrefois connue sous le nom de place du port. Au début, il s’agissait simplement d’un promontoire naturel, où les habitants venaient contempler le coucher de soleil ou observer les événements se déroulant à la frontière. Cependant, son potentiel fut rapidement reconnu par les habitants, qui y voyaient l’opportunité de créer un point d’échanges, de passages et d’observation sur l’estuaire de la Bidassoa et l’Espagne.
Les archives relatives à l’histoire du Vieux-Port ont été perdues en raison des invasions de 1793 et 1813, ce qui fait qu’il n’existe aucun document sur cette période. Cependant, l’on sait que dès 1865, l’afflux des touristes désirant se rendre à Fontarabie augmente. Ainsi, des aménagements sommaires sont engagés pour répondre à leurs besoins et aider également les pêcheurs. La place du port est consolidée au XIXe siècle par un mur de soutènement entouré d’une grille.
À partir de 1886, les pêcheurs commencent à pratiquer la pêche à la sardine, une ressource abondante dans les environs. Dès lors, une activité intense se développe dans le Vieux-Port. En conséquence, en 1892, le Conseil municipal prend la décision d’agrandir la construction du débarcadère pour le marché.
Témoin de la seconde guerre mondiale
La place a également été le témoin de nombreux événements marquants de l’histoire. Celle-ci comprend un vestige de la Seconde Guerre, un bunker antichar Regelbau R680, Schartenstand für 7,5 cm PaK 40, achevé en juillet 1944.
À la fin des années 1960, des travaux d’aménagement ont été entrepris au Vieux-Port et sur la place, leur conférant la forme que nous leur connaissons aujourd’hui.
Le quartier du Vieux-Port
Niché en contrebas du centre-ville, le quartier du Vieux-Port conserve les vestiges des remparts du fort, avec toujours trois canons pointés en direction d’Hondarribia en Espagne. Deux maisons sont inscrites aux Monuments Historiques depuis 2011. La première, Bakhar Etchea, fut la demeure de l’écrivain Pierre Loti, la seconde, la Maison Mauresque, se distingue par son architecture singulière.
Le corsaire Coursic mis à l’honneur
Coursic, de son vrai nom Joannis de Suhigaraychipy, né en 1643, était un corsaire basque originaire d’Hendaye. Il a vécu au XVIIe siècle, une période où les corsaires étaient des marins autorisés par leur gouvernement à attaquer les navires ennemis dans le cadre de conflits et de guerres.
Coursic est devenu célèbre pour ses exploits en tant que corsaire, opérant principalement dans les eaux de l’océan Atlantique. Il a mené des attaques contre les navires espagnols et a été un redoutable adversaire pour les flottes ennemies. Sa renommée découle essentiellement de ses tactiques audacieuses et de sa connaissance experte des mers. Il était connu pour sa bravoure et sa ténacité, ainsi que pour sa capacité à naviguer habilement à travers les eaux dangereuses.
En 1693, envoyé sur l’île de Spitzberg en mer du Groenland, il a remporté une victoire remarquable contre la flotte hollandaise, détruisant tous les navires dans la Baie aux Ours. Expédié à Terre-Neuve pour attaquer les installations de pêche anglaises et protéger le retour des goélettes françaises en fin de saison, il a osé pénétrer à bord de la frégate bayonnaise L’Aigle dans la baie du Florillon où relâchait la flotte anglaise. Hélas, la bataille a tourné au désastre lorsque la frégate s’est échouée, et Coursic fut mortellement blessé en 1694 lors de cet affrontement au large de Terre-Neuve.
Enterré dans le petit cimetière de Plaisance, la pierre tombale de Coursic est l’une des plus célèbres parmi les très anciennes sépultures basques qui témoignent de la présence française dans cette région de Terre-Neuve. Cependant, avec le passage de Plaisance sous domination anglaise, la petite église est devenue anglicane et, au fil du temps, les vieilles pierres tombales catholiques ont disparu. Quelques morceaux de l’ancienne tombe de Coursic ont tout de même été récupérés et conservés. Axel Brücker se rendit à Terre-Neuve, où il a retrouvé l’endroit exact où repose le corsaire hendayais. Il y a déposé une rose entourée de trois rubans aux couleurs du Pays-basque et a récupéré un peu de terre et quelques cailloux.
Ainsi, pour honorer la mémoire de ce corsaire, sur cette place nouvellement inaugurée, une plaque rappelle son histoire et la terre ramenée de sa dernière demeure sera déposée lors de l’inauguration sur l’un des espaces verts de la place qui porte son nom. En complément, et en concertation avec l’Association des Riverains de Caneta, l’installation d’une ancre et sa mise en lumière sur le mur de la place sont prévues.